Le déclenchement
Quand ma fille est née, dans les années quatre-vingt-dix, j’avais déjà noirci plusieurs cahiers de mots. Des histoires personnelles, mais pas que. Le changement de statut, de vie que connaissent tous les parents m’a rapproché des mots. Hormis les photos de famille et les films de vacances, je voulais graver, sinon dans le marbre, au moins dans ma mémoire, les instants que je vivais avec ce minuscule bout de femme. Très vite, j’ai pris mon clavier d’ordinateur et commencé à noter les moindres mouvements de ma fille.
Un travail de longue haleine
Tandis que sa mère notait les premiers bons mots de notre enfant, tel un conteur des temps anciens sur les traces de ma nouvelle Reine, je notais ses évolutions quotidiennes. Si le temps manque lorsqu’on est jeune parent, j’ai très vite compris sur quel type de course je m’étais engagé.
Si je suis incapable de courir un marathon, je me suis fait la promesse de ne jamais abandonner l’écriture du journal intime de ma fille. Et j’ai tenu bon. Les mois, puis les années sont passés. Je n’ai pas toujours été très assidu, j’ai perdu quelques pages dans mes changements de supports informatiques, dans des sauvegardes, pas assez récentes, mais j’ai poursuivi inlassablement mon lent et long travail de fourmi.
Double dose
Plus tard, à la naissance de mon fils, je n’ai même pas hésité une minute à lui décrire aussi sa vie. Parce que ma motivation première, dans cette démarche de transmission, était de raconter leur vie, à mes enfants, quand ils ne se souviendraient plus de ces détails qui forgent l’enfance.
Mes premiers souvenirs précis remontent à l’âge de 6 ans. Avant, ce ne sont que des perceptions vagues. En écrivant très tôt leurs premières fois, je voulais permettre à mes enfants de reconnecter leurs souvenirs d’enfance à la réalité vécue et racontée par les yeux de leur père.
À partir des années 2000, c’est donc deux journaux que j’ai tenus. Souvent, les anecdotes portaient sur les mêmes souvenirs, mais je les racontais toujours de manière personnelle pour chaque enfant.
Jamais sans mon ordinateur
Dès mes premiers pas dans le monde de l’informatique, une règle de base m’a été inculquée : la sauvegarde de l’information. Quand vous écrivez le récit de deux vies qui vous sont chères, vous devez prendre soin de ces mots. J’ai donc très vite effectué des sauvegardes sur disquettes (si, à l’époque, les clés USB n’existaient pas encore), puis sur un disque dur externe, voire sur l’ordinateur de mes parents. L’idée était de ne pas tout perdre en cas de crash informatique, d’incendie dans la maison ou de guerre nucléaire.
Comme souvent, on apprend de ses erreurs. Et c’est après avoir été dévasté par la perte des premières pages du journal de ma fille (que j’ai réécrites de mémoire avec forcément quelques oublis), que je me suis attaché à conserver obligatoirement plusieurs copies des fichiers. Plus tard, lorsque j’ai utilisé une adresse de messagerie externe, je m’envoyais les fichiers dans un mail pour que ces journaux existent dans « le Cloud ».
Dernière ligne droite
J’ai hésité, durant les mois précédant la majorité de ma fille, à lui remettre son livre pour son anniversaire. Finalement, j’ai préféré prolonger son récit jusqu’à ce qu’elle entre dans une nouvelle décennie. La date me semblait plus symbolique, elle me touchait davantage et me laissait le temps de préparer l’édition du livre. Parce que si, à l’origine, je n’avais imaginé ce cadeau qu’avec des mots, m’est apparue l’évidence que je devais accompagner ce récit des photos qui composent toutes les familles.
J’ai donc entrepris la collecte et la sélection de photos parmi toutes celles que j’avais en ma possession. Pour être sûr de ne pas en oublier, j’ai mis à contribution tous mes proches. Et me voilà dans la dernière ligne droite, à composer, chapitre après chapitre, le récit des vingt années de ma fille. Je relis le journal, corrige les fautes d’orthographe, la mise en page et lance la fabrication auprès d’un imprimeur, connu et apprécié pour son professionnalisme dans une autre vie, à l’époque où nous étions dans une relation client/fournisseur. Depuis, il m’accompagne dans ma nouvelle aventure.
Comme un cadeau
Le défi que je me suis lancé, lorsque j’ai décidé d’immortaliser « les premières fois » de mes enfants, valait toutes ces heures d’écritures, de relecture et de mise en page. Le regard de ma fille sur son livre, les quelques secondes avant que les larmes emplissent nos yeux, a été la plus belle des récompenses. Comme un écho à la remise du sien, l’émotion qui m’a étreint lorsqu’elle a ouvert son cadeau, a déversé une joie immense dans tout mon être. On ne fait pas des enfants, on essaie seulement de les aider à grandir tout au long de leur vie. En écrivant la leur durant toutes ces années, j’ai autant appris d’eux que de moi et c’est tout ce que la vie pouvait me donner de plus grand.
Et après…
Comme pour toute bonne série TV, il faut qu’il y ait une fin, pour qu’elle demeure dans nos mémoires. L’important était donc de ne pas faire la saison de trop. J’ai remis son livre à mon fils pour ses 20 ans également et ressenti la même émotion que quelques années plus tôt. Mais je n’irai pas au-delà. Il est temps désormais pour eux d’écrire leur propre histoire, comme nous le faisons tous chaque jour. Petites ou grandes, elles sont essentielles à nos yeux et toujours importantes pour nos proches.
Si vous aussi, vous souhaitez écrire la vie de vos enfants, rendez-vous prochainement sur mon blog où je vous donnerai quelques conseils recueillis après ma double expérience.
Et pour vous qui êtes ou seriez intéressé par l’écriture de votre biographie ou de celle d’un de vos proches, je vous invite à cliquer sur ma page contact pour une prise de rendez-vous.